TENSHIN SHODEN KATORI SHINTO RYU
Bourgogne-France Comté
L'ÉCOLE KATORI SHINTO RYU
HISTOIRE DE L'ÉCOLE
Fondée au XVème siècle, en 1447, l’école traditionnelle de sabre Tenshin Shōden Katori Shintō Ryū est l’une des plus anciennes du Japon ; elle est d’ailleurs classée Trésor National.
Elle enseigne un art martial traditionnel pur, fortement imprégné de religion shintô et d’éthique zen, dont les techniques sont restées inchangées depuis plus de 500 ans.
Le fondateur de l’école, Iizasa Chōisaï Ienao 飯篠 長威 斉家直 (1387 – 1488) est né à Iishino, près de la ville de Iizasa, dans la province de Chiba, en pleine période Muromachi. Jeune homme, Ienao se consacra à la pratique du sabre et de la lance et devint vite un expert renommé au service du seigneur de la province, le clan Chiba. Il participa à de nombreux combats individuels sur les champs de bataille et ne connut, dit-on, aucune défaite. Ses compétences et sa réputation lui valurent d’être nommé instructeur en ken-jutsu de Yoshimasa, le 8ème shogun Ashikaga. Cependant, il se retira peu après cette nomination pour éviter d’impliquer son école dans les malversations de Yoshimasa.
Suite à la disgrâce de la famille Chiba, comprenant que les guerres et les conflits ne pouvaient qu’entraîner la ruine de la noblesse, il se retira de la vie publique et décida de poursuivre ses entraînements spirituels et martiaux au temple Katori de Narita, l’un des trois sanctuaires shintō les plus révérés au Japon (avec Kashima et Ise).
Le temple Katori était consacré à Futsu-Nushi-no-Mikoto-no-Kami, une divinité tutélaire du monde martial, protectrice des escrimeurs. Dans ce temple, il menait une vie à la fois monastique et martiale, dispensant un enseignement rigoureux à ses disciples.
La légende veut que l’un des disciples ait eu l’idée de laver le cheval de Ieano avec l’eau de la fontaine sacrée, réservée à la purification des fidèles. Le cheval en mourut, faisant prendre conscience au Maître, alors âgé de 60 ans, de la puissance de la divinité du temple.
Ienao se retira alors au Mont Umeki, non loin du temple, pour se consacrer à 1000 jours d’ascèse, de purification et d’entraînement sévère.
Ce fut au cours de cette période qu’il eut la vision de Futsu-Nushi-no-Mikoto, qui lui offrit un volume du Mokuroku Heiho no Shinsho.
Désormais « inspiré par les Dieux », le Maître prit le nom de Chōisaï et put alors définir la doctrine de son école, dont il fit précéder le nom du terme « Tenshin Shōden », littéralement « tradition céleste véridique et fidèle ».
Iizasa Chōisaï Ienao mourut en 1488, âgé de plus de 100 ans, une longévité exceptionnelle, presque surnaturelle pour l’époque.
L’on raconte que, lorsqu’on venait le défier, il invitait d’abord le guerrier à venir discuter avec lui. Ses disciples étendaient alors une natte tressée sur des bambous nains. Le Maître Chōisaï s’y asseyait sans que les bambous ne plient, faisant prendre conscience au guerrier de la grande différence de niveau qui existait entre eux et le faisant souvent renoncer spontanément à sa demande de défi.
Puis le Maître lui exposait que ce qui fait la qualité d’un guerrier, ce n’est pas tant la recherche de la meilleure technique pour tuer ses adversaires, que la recherche d’un comportement humain, empreint de sagesse et de spiritualité.
Le Maître interdisait d’ailleurs à ses élèves de se battre et faisait figurer cette close dans le Keppan, l’engagement d’entrée dans l’école, que l’on signait (et que l’on signe toujours) avec son sang, notamment au dojo de Maître Otake.
Le mon (emblème) du Katori Shinto Ryu représente un bambou nain, en hommage à l'épreuve que le Maître imposait avec une grande politesse à ceux qui venaient le défier.
Mon du Katori Shinto Ryu
LES SHIHAN
La tradition de l’école Katori Shintō Ryū s’est poursuivie au fil des siècles. Vingt Soke se sont succédé au sein de l’école, tous faisant partie de la famille Iizasa, le dernier étant Iizasa Yasusada 飯篠 修理亮 快貞 (Iisaza Shuri-no-suke Yasusada).
Cependant, plusieurs Shihan (titre honorifique accordé à partir du 8e dan) après le 18ème Soke assurèrent l’intérim du contrôle de l’école et en dispensent encore aujourd’hui l’enseignement à travers 2 dojos principaux : celui de Narita, dirigé par Otake Senseï, le Shihan principal (il a débuté la pratique du Katori Shinto Ryu en 1940) et celui de Kawazaki dirigé par Sugino Senseï (Yuishinkan Dojo). Ce dernier est actuellement tenu par le fils de feu Sugino Yoshio Senseï, Sugino Yukihiro.
Sugino Yoshio Senseï 杉野 嘉男 (1904 - 1998), qui a reçu le 10ème dan (Meiji) en 1981, était reconnu trésor national de son vivant.
Jusqu’à récemment, Mochizuki Minoru Senseï (1907 - 2003) tenait le dojo de Shizuoka. Il avait débuté la pratique du Katori Shintō Rū en même temps que Sugino Yoshio (1928). Il est important de le mentionner, car il fonda le style Yoseikan à partir des enseignements de l’école Katori Shintō Ryū, et ce style est toujours enseigné en France au sein de notre Fédération. La connaissance du iaï Yoseikan est exigée à partir du passage du 2e dan.
Sugino Yoshio Senseï
Moshizuki Minoru Senseï
Otake Risuke Senseï
La Fédération de Katori Shintō Ryū (FKSR), via son adhésion au Shibu, fait partie du Hombu Dojo Sugino.
Le Hombu Dojo est actuellement tenu par Sugino Yukihiro Senseï, 9ème dan Hanshi de Nihon Kobudo et 7ème dan shihan d'Aïkido Aïkikaï.
Sugino Yukihiro Senseï
HATAKEYAMA SENSEÏ
Hatakeyama Goro Senseï (1928-2009), 9e dan Menkyo Kaiden, débute le Katori Shintō Ryū en 1958 au dojo de Sugino Yoshio Senseï. Il devient disciple et assistant principal par la suite.
Il accompagne Sugino Senseï lors des stages en Europe et dans le monde entier. Lors du voyage de l'E.C.B. au Japon en 1994, son accueil et sa générosité crée un lien inoubliable avec Hervé Trutt Senseï et la section Kobudo.
Par la suite, il est régulièrement invité à Belfort pour partager un keïko personnalisé et de bons moments amicaux.
Son choix éthique de se séparer du Hombu dojo après le décès de Sugino Senseï en 1998 le dirige sur une voie plus personnelle de l’école Katori Shintō Ryū Il créé quelques katas de iaï-jutsu et démontre les subtilités des différentes techniques en insistant sur la maîtrise des déplacements, des placements du corps et du sabre, et de la précision des mouvements. "Doucement avec précision" était son mot d’ordre quotidien.
Sa recherche permanente et sa motivation l’ont progressivement conduit à une technique d’apprentissage différente de celle de Sugino Senseï, mais très complémentaire.
L’E.C.B. enseigne son keïko en insistant sur les bases fondamentales qui permettent d’ouvrir l’esprit sur les katas supérieurs pour la suite.
Hatakeyama Senseï pratiquait le zazen régulièrement. Il était également expert en calligraphie.
DISCIPLINES ENSEIGNÉES
Iaï-jutsu
Ken-jutsu
Bo-jutsu
Naginata-justu
À l’origine, l’enseignement de l’école comprend douze disciplines. Huit d’entre elles sont toujours enseignées à l’heure actuelle :
Iaï-jutsu (art de dégainer le sabre)
Ken-justu (art des techniques du sabre à deux partenaires)
Bo-jutsu (art du bâton long)
Naginata-justu (art de la hallebarde japonaise)
Kodachi-jutsu (art du sabre court)
Ryoto-jutsu (art de manier les deux sabres)
So-jutsu (ou Yari-jutsu) (art de la lance)
Shuriken-jutsu (art du lancer de pointes)
Il existe quatre autres disciplines appartenant à l’enseignement traditionnel mais qui ne font plus partie du programme :
Nin-jutsu (techniques d’espionnage féodal)
Ju-jutsu (combat à mains nues)
Sen-jutsu (stratégie militaire)
Chikujo-jutsu (art des fortifications)
La mission de cette école est de transmettre un savoir hérité des valeurs guerrières de l’ancien Japon. L’intérêt réside dans les leçons tirées de l’expérience du combat et constitue un élément important pour l’aboutissement d’une Union de Principes et de Vertus, applicable en tous temps et en tous lieux.
C’est également un moyen philosophique pour parvenir à un état d’esprit harmonieux, tant sur le plan personnel et intime que social et relationnel.
Les étudiants de l’école sont parfaitement conscients d’être les héritiers d’un patrimoine unique qu’il leur incombe de transmettre aux générations futures. Le gouvernement japonais considère cette école comme un élément inaliénable du patrimoine culturel du pays et l’a classée « Trésor national » en 1960.
ÉLÈVES CÉLÈBRES
Parmi les pratiquants de notre école, certains noms sont restés célèbres. De nombreux élèves ont pratiqué le Katori Shintō Ryū et s’en sont inspiré pour fonder leur propre style.
Ainsi, Matsumoto Bizen-no-kami Masanobu (1468 - 1524) débuta-t-il la pratique du kobudo au temple Katori sous l’enseignement du Maître Chōisaï avant de retrouver le temple familial Kashima. Il créa sa propre école, Kashima Shin Ryū, dont les préceptes lui furent inspirés par la divinité tutélaire du temple, Takemikazuchi-no-Mikoto-no-Kami.
Matsumoto Bizen eut un élève encore plus célèbre, Tsukahara Bokuden (1489 – 1571), qui pratiqua le Katori et le Kashima Shin Ryū. Fondateur du style Kashima Shintō Ryū, il est considéré par les japonais comme un kenseï (saint du sabre).
Un autre kensei mondialement connu, Miyamoto Musashi lui-même (de son premier nom Shinmen Takezō), figure dans les registres de l’école Katori Shintō Ryū.
L’un de ses adversaires provenait de l’école Kashima Shintō Ryū de Tsukahara Bokuden. Musashi l’affronta à douze ans et remporta à cette occasion sa première victoire.
Enfin Kamiizumi Nobutsuna, lui aussi reconnu kensei de son vivant, a étudié le Katori Shintō Ryū à Chiba avant de fonder son école Shinkage Ryū, à l’origine de nombreux styles de ken-jutsu au japon.
TENSHIN SHODEN KATORI SHINTO RYU
Bourgogne-Franche Comté
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