TENSHIN SHODEN KATORI SHINTO RYU
Bourgogne-France Comté
L'HISTOIRE DU JAPON
L’histoire du Japon se divise en périodes, ou ères, dont la connaissance est indispensable à qui veut comprendre l’art du Budo.
Période Nara : 710 - 794
Période courte, qui marque l’avènement du bouddhisme et son opposition au shintoïsme traditionnel. Le clan Soga, converti au bouddhisme, s’oppose aux clans Nakatomi et Mononobe, représentants du shintō à la cour impériale.
Le gouvernement siège à Nara (Heijo), qui devient la première capitale fixe du Japon.
le Todaiji à Nara, édifié en 752
Période Heian : 794 - 1185
Le Japon est alors sous la domination du clan Fujiwara, qui siège à Kyōtō (Heian) et s’est accaparé le titre de kampaku (régent) en mariant ses filles aux empereurs.
Les clans Minamoto et Taïra s’affrontent pour l’obtention du pouvoir. Leurs luttes continuelles mènent aux guerres du Genpeï qui s’achèvent lors de la bataille navale de Dan-no-ura avec la victoire écrasante du clan Minamoto.
Période Kamakura : 1185 - 1333
SABRES KOTO DE TYPE TACHI
A la mort de l'empereur Go-Shirakawa en 1192, Minamoto no Yoritomo s'octroit le titre de "Grand général pacificateur des barbares", seii taishōgun, abrégé en shōgun. Il transfert son gouvernement, le bakufu, à Kamakura.
Après la mort du 3ème shōgun Minamoto en 1219, la famille Hōjō régente le pouvoir pour une centaine d'années, laissant le titre de shōgun, purement symbolique, à des membres de la famille impériale.
C’est au cours de cette période qu’eurent lieu deux tentatives d’invasion mongole, en 1274 et en 1281, toutes les deux repoussées. La seconde tentative, menée par une force de plus de 4000 navires, est stoppée par le typhon Kamikaze qui détruit la flotte mongole et sauve le Japon d’une guerre qui le laisse exsangue.
Période Kenmu : 1333 - 1336
SABRES KOTO DE TYPE TACHI
Après la chute du shogunat de Kamakura, l’empereur Go-Daigo tente de restaurer la prééminence impériale. Il s’oppose à Ashikaga Takauji qui le renverse et installe à sa place un empereur fantoche, Kōmyō. Celui-ci nomme Ashikaga shōgun.
Go-Daigo fuit alors Kyōtō pour Yoshino où il installe sa Cour du Sud par opposition à la Cour du Nord qui soutient Ashikaga Takauji.
Période Muromachi : 1336 - 1573
SABRES KOTO DE TYPE UCHIGATANA
C’est l’ère du long bakufu Ashikaga, marquée par une guerre civile importante et par l’apparition de nombreuses particularités de la culture japonaise qui ont perduré jusqu’à aujourd’hui.
En 1336, la maison impériale est divisée entre la Cour du Sud et la Cour du Nord, cette dernière ayant confié le shogunat à Ashikaga Takauji. Cette période, dite des Cours du Nord et du Sud est appelée Nanboku-Chō (1336 – 1392).
Cette ère voit également la naissance d’Iizasa Chōisai en 1387. Il servira pendant une courte période le 8ème shogun Ashikaga, Yoshimasa (1435 – 1490) qui succède à son frère Yoshikatsu en 1449.
C’est pendant le règne de Yoshimasa que se développe la culture Higashiyama, célèbre pour la cérémonie du thé, l’Ikebana, le théâtre Nō, le Sumi-e et l’arrangement des jardins secs comme le Ryōan-Ji de Kyōto.
C’est également au cours de cette période qu’a lieu la guerre d’Ōnin (1467 – 1477) qui marque le début de la période Sengoku des luttes entre provinces. Yoshimasa se retire au milieu du conflit, en 1473, abandonnant le shogunat à son fils Yoshihisa qui s’oppose alors aux partisans de son oncle, Yoshimi.
En 1489, Yoshimasa fait construire le temple du Ginkaku-Ji (Pavillon d’Argent) à Kyōto.
La fin de l’ère Muromachi est caractérisée par l’affaiblissement puis l’effondrement de l’autorité des shōgun sur les daimyo et par le renversement des hiérarchies. C’est aussi le premier contact avec les occidentaux et l’apport du christianisme et des armes à feu (1543).
Les sabres tachi deviennent uchigatana, favorisés par le port de plus en plus répandu du Kamishimo.
La période Muromachi prend fin à la destitution par Oda Nobunaga du 15ème et dernier shōgun Ashikaga, Yoshiaki, en 1573.
Période Momoyama Azuchi : 1573 - 1603
SABRES SHINTO
Période courte, elle n’en reste pas moins importante car elle voit l’unification du Japon sous l’impulsion de trois grands hommes : Oda Nobunaga, Toyotomi Hideyoshi et Tokugawa Ieyasu.
Oda Nobunaga, après avoir chassé de Kyōto le dernier shogun Ashikaga, prend le pouvoir par la force. Il s’allie à Ieyasu Tokugawa et remporte de nombreuses victoires, notamment lors de la bataille de Nagashino qui l’oppose au fils de Takeda Shingen. Pour la première fois au Japon, les mousquets sont utilisés en masse sur le champ de bataille, apportant une victoire écrasante à Nobunaga (cette bataille est superbement mise en scène dans le film Kagemusha d’Akira Kurosawa).
Il affronte aussi les moines guerriers Sohei qui faisaient front contre lui et devient le maître incontesté du centre du Japon avant d’être nommé shogun par l’empereur, ce qu’il refuse. Trahi par un de ses généraux, il est contraint de se faire seppuku le 21 juin 1582 au cours de l’incident du Honnō-ji.
Son rêve d’unification du Japon est repris par l’un de ces généraux, Toyotomi Hideyoshi qui, alors régent du pouvoir, l’achève en 1590 et expulse les chrétiens.
Il meurt en 1598 lors des campagnes de Corée.
Le troisième homme de l’unification, Tokugawa Ieyasu, se débarrasse de ses rivaux lors de la bataille de Sekigahara en 1600 et prend le contrôle d’un Japon déjà unifié. Il instaure son bakufu et devient le premier shogun Tokugawa, fondant une dynastie qui durera 250 ans.
Il réorganise le pouvoir, diminuant le nombre de fiefs militaires. Des milliers de soldats, contraints de choisir entre devenir paysans ou travailler pour des vassaux plus importants, se retrouvent sans emploi et viennent grossir les rangs des rōnin.
Cette période voit également la naissance de Miyamoto Musashi en 1584.
Période Edo : 1603 - 1868
SABRES SHINSHINTO
Cette période se caractérise par le règne de fer de la famille Tokugawa qui exerce une autorité absolue sur ses daimyo, les obligeant à revenir tous les six mois à Edo (l’ancien nom de Tōkyō), et referme totalement le pays sur lui-même ; c’est le sakoku.
Le Japon garde quelques contacts avec la Corée, la Chine et les Provinces-Unies. Les Européens ne sont plus admis sur le territoire, sous peine de mort.
Cet isolement prend fin en 1854 lorsque le Commodore Perry, sous la menace de ses navires de guerre, parvient à convaincre le bakufu de rouvrir ses frontières, d’abord aux américains, puis aux russes, aux anglais et enfin aux français.
La noblesse xénophobe reproche alors au shōgun d’avoir cédé aux revendications étrangères et décide de rallier l’empereur en lui rendant davantage de pouvoir.
L’époque d’Edo prend fin en 1868 avec la restauration du pouvoir impérial par Mitsuhito et l’abdication du dernier shōgun Tokugawa, Yoshinobu.
Période Meiji : 1868 - 1912
SABRES GENDAÏTO
Alors que l’empereur (Tennō), renommé Meiji, restaure sa légitimité avec le soutien des clans de Satsuma et Chōshū, l’ancien gouvernement shogunal d’Edo se rebelle et attaque Kyōtō. C’est le début de la guerre de Boshin.
Les partisans de l’ancien shogun Tokugawa, les samouraïs, font à l’époque appel aux militaires français pour leur enseigner les techniques de guerre moderne, que l’armée impériale maitrisait déjà. C’est lors de ces batailles qu’un français, un belfortain, se rendit célèbre en quittant l’armée française et en rejoignant les rebelles pour combattre à leur côté, devenant le « vrai » dernier samouraï. Il s’agissait de Jules Brunet.
La guerre de Boshin s’achève en mai 1869 avec la mort de 3500 hommes, permettant à l’ère Meiji d’enfin commencer. Le pouvoir met en place une politique de modernisation, multipliant les édits et affaiblissant le statut des samouraïs, comme le célèbre Haïto Rei de 1876 qui interdit le port du sabre.
Cette politique ne convient pas à tous et aboutit à la révolte de Satsuma en 1877, menée par Takamori Saigō, à l’origine parmi les plus grands soutiens de l’empereur lors de la restauration.
L’écrasement de la rébellion lors de la bataille de Shiroyama met définitivement fin à la classe samouraï.
L’ère Meiji a permis le recrutement d’une armée nationale, l’ouverture du pays, la création d’une monnaie unique, le yen, pour faciliter les échanges avec l’étranger, l’accès à l’enseignement, obligatoire pour tous et a libéralisé la promotion sociale de l’individu en abolissant les privilèges.
L’ère Meiji prend fin en 1912, à la mort de l’empereur Mitsuhito.
Jules Brunet, le "dernier samouraï"
Nathan Algren, incarné à l'écran par Tom Cruise dans « Le Dernier Samouraï », a été inspiré par un personnage bien réel, français et belfortain : le lieutenant Jules Brunet.
Alors que le Japon est en effervescence à la fin de l’ère Edo après la fin du sakoku, la France, sous l’impulsion de Napoléon III, décide de soutenir le shogun Tokugawa Yoshinobu contre les autres nations occidentales et envoie sur place une mission militaire composée de dix-sept hommes, dirigée par le capitaine Chanoine. La délégation a pour rôle d’entrainer les hommes du shogun et de les familiariser aux techniques de guerre moderne.
Le lieutenant Brunet, grand et fier gaillard d’1.85 m doué d’une vive intelligence et d’un sens artistique qui ravit les samouraïs, s’intègre rapidement à son peloton d’artilleurs et gagne l’estime de ses élèves.
La guerre du Boshin débute et tourne vite à la défaite pour le clan Tokugawa.
Lorsque le shogun capitule le 27 avril 1868 et se retire d’Edo, la mission française est annulée et Brunet contraint de quitter le territoire. Partagé entre sa hiérarchie et ce qu’il estime être son devoir envers les hommes qu’il a instruits, il décide, avec huit de ses camarades, de rallier l’armée résistante du shōgun avec l’appui implicite du ministère français de la guerre. Il suit Takeaki Enamoto, le commandant de la marine shogunale, sur l’île d’Honshu d’abord, d’Hokkaidō ensuite.
Lors de la dernière bataille d’Hakodate, l’armée shogunale est vaincue et les officiers français récupéré in extremis ; Brunet est renvoyé en France.
Malgré un blâme administratif et un passage express en conseil de guerre, l’armée française ne reprochera jamais à Jules Brunet ses faits d’arme au Japon. Il poursuit sa carrière, toujours sous la protection de Chanoine, et finit général de division.
Le 11 mars 1895, le Japon rend hommage à cet « ancien samouraï » et l’élève au titre de grand officier du Trésor sacré du Mikado.
Jules Brunet entouré des officiers japonais du shogun
Onna-bugeisha
Loin de l'image de la femme au foyer traditionnelle que l'on peut se faire de l'épouse japonaise, de nombreuses femmes issues de la haute société étaient formées au combat et au maniement des armes; généralement dans le but de protéger leur maison et leur famille en temps de guerre. Ces combattantes étaient appelées onna-bugeisha et, parmi elles, certaines sont devenues célèbres.
Onna-bugeisha armée de sa naginata
Tomoe Gozen
Dans le Heike Monogatari, une épopée contant la lutte entre les clans Taïra et Minamoto pendant l'ère Heian (guerre de Genpei), Tomoe Gozen, épouse du samouraï Minamoto no Yoshinaka, est décrite comme une femme particulièrement belle, remarquable archère et épeiste, plus brave que n'importe quel guerrier. Même si son existence n'est pas prouvée, son personnage a marqué des générations de guerriers et ses exploits sont relatés dans des pièces de théâtre et à travers de nombreuses peintures.
Hangaku Gozen - Yoshitoshi, 1885
Hangaku Gozen
Hangaku Gozen est l'une des rares fammes mentionnées à la fois dans la littérature classique et historique du Japon. Elle est citée dans l'Azuma Kagami, la chronique du shogunat Kamakura. Forte, belle et très grande (elle aurait mesuré 1.88m !), elle maniait un naginata. Pour défendre le shogunat Minamoto contre les manoeuvres du clan Hōjō, elle prend la tête de 3000 soldats et affronte une armée de 10 000 hommes.
Nakano Takeko
Lors de la période Edo, le statut des onna-bugeisha et leur importance diminuèrent drastiquement. La société japonaise attendait des femmes qu'elles donnent des enfants à leur mari et leur vouent une obéissance totale, passive et docile. La relation entre un mari et son épouse équivalait à celle dun maître envers son vassal et il était interdit à une femme de voyager seule. Cette piètre considération s'accompagnait d'une exigence d'abnégation absolue et il était attendu de la part d'une épouse qu'elle se suicide à la mort de son mari (junshi).
C'est dans ce contexte phallocratique que se distingue Nakano Takeko, formée à la calligraphie, à la poésie, et au maniement de la naginata dans lequel elle excelle. Instructrice d'arts martiaux, elle prend le commandement d'une unité entièrement féminine lors de la bataille d'Aizu (guerre du Boshin) et contient l'assaut de 20 000 soldats de l'armée impériale japonaise.
Un monument est érigé en sa mémoire au Hōkai-ji dans la préfecture de Fukushima. Au cours du festival annuel d'Aizu, les jeunes filles portent des hakamas et des bandeaux blancs pour commémorer les actions de Nakano et de sa troupe de femmes combattantes.
TENSHIN SHODEN KATORI SHINTO RYU
Bourgogne-France Comté
ecb.belfort@yahoo.fr